La géopolitique du sport (rapport de l’Assemblée nationale n°1448)

Brève proposée par Nicole Gnesotto dans l'émission J.O, aubaine ou problème ? / Poutine, vainqueur du chaos Israël-Iran ? / n°346 / 21 avril 2024, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.


Les autres brèves de l'émission :

Étienne Dinet, passions algériennes

Nicole Gnesotto

"Ma deuxième brève est le contraire d’une recommandation, il s’agit plutôt d’une dissuasion. Gagnez du temps, et épargnez-vous cette exposition de l’Institut du monde arabe. La plupart des journaux nous l’ont présentée comme quelque chose de très important et de formidable, alors que cela n’a qu’un intérêt tout à fait anecdotique. D’abord, l’exposition est toute petite (une quarantaine d’œuvres en tout et pour tout), et même si le personnage de Dinet est intéressant (un peintre français tout ce qu’il y a de plus classique de la fin du XIXème siècle, qui tombe amoureux de l’Algérie, se convertit à l’islam, traduit et illustre une vie de Mahomet), son œuvre n’a pas un intérêt fou … "


La france sous haute tension : colères, anxiétés et ressentis

Richard Werly

"Je vous recommande ce petit livre, dont notre amie Lucile Schmid est l’une des coauteurs. Je le trouve très intéressant sur un point essentiel : l’importance du ressenti. Nous évoquions aujourd’hui la possible ferveur à propos des J. O. Et elle dépend entièrement du ressenti. Si celui-ci bascule dans le positif, pas seulement à cause des performances des athlètes, mais parce qu’on a le sentiment que la France et Paris ont quelque chose à y gagner, alors ces jeux seront une réussite. Dans le cas contraire, il y a de quoi s’inquiéter, car la France et les Jeux sont effectivement sous haute tension."


Soutenez-nous !

Philippe Meyer

"J’ai récemment lancé un appel au financement de notre émission, en soulignant à quel point il était vital, et à quel point son absence posait un risque existentiel pour nos conversations. Les réponses ont été à la hauteur de mon inquiétude, et je remercie celles et ceux qui n’ont pas tardé à réagir, mais nous ne sommes pas encore tirés d’affaire. Il faudrait que vos contributions (et notamment les contributions mensuelles, qui nous aident à à avoir une visibilité sur nos finances) soient encore plus nombreuses et substantielles pour que je puisse vous annoncer que le Nouvel esprit public est prêt à continuer. "


L’avenir se joue à Kyiv : leçons ukrainiennes

Marc-Olivier Padis

"J’attendais depuis longtemps la parution en français de ce livre de l’historien allemand Karl Schlögel, spécialisé dans l’espace russe et post-soviétique. En 2014, après l’annexion de la Crimée et le développement de mouvements irrédentistes dans le Donbass, l’historien américain Timothy Snyder, auteur du grand livre de référence Terres de sang sur cette région, avait organisé une rencontre à Kyiv. J’y étais, et j’y avais rencontré Karl Schlögel, qui avait pris la parole de façon marquante. Il avait expliqué comment, même en étant historien spécialiste de l’espace russe, il avait passé une trentaine d’années à ne pas voir l’Ukraine, comme si le pays était transparent. Dans cet essai d’égo-histoire, il revient sur son parcours, et analyse ce qu’il appelle « le russo-centrisme du regard allemand ». L’intérêt allemand pour la Russie, ainsi que toute l’Ostpolitik qui en a découlé, existe au détriment de l’Ukraine. Karl Schlögel a donc décidé de travailler sur l’Ukraine, réalisant son importance dans la culture russophone. L’autre particularité de son travail est que Schlögel s’intéresse beaucoup aux villes, il trouve qu’elles constituent la bonne mesure entre micro-histoire et macro-histoire, une ville est en quelque sorte du « temps condensé »."


Frantz Fanon : une vie en révolutions

Akram Belkaïd

"Pour ma part, je vous recommande cette biographie du journaliste et universitaire Adam Shatz. Frantz Fanon était un penseur décolonial radical, qui avait rejoint le FLN pendant la guerre d’Algérie. Il connaît aujourd’hui un réel succès, il est relu par les jeunes générations un peu partout dans le monde, y compris en France et aux Etats-Unis. La biographie d’Adam Shatz est assez stimulante, parce qu’il y montre ce que fut Fanon : un homme engagé, mais aussi un psychiatre qui a beaucoup réfléchi aux questions de l’aliénation et de l’enfermement. Parmi les chapitres qui ont retenu mon attention, il y a celui qui concerne Les damnés de la terre, dont la fameuse préface de Sartre a éclipsé l’ouvrage lui-même. Pour Shatz, Sartre a fait une lecture très sommaire de l’œuvre de Fanon, en glorifiant exagérément la violence. Cette biographie a le mérite de remettre la pensée de Fanon au premier plan, et d’offrir des repères et des éléments de réflexion, des clefs pour permettre à cette pensée d’éclairer les débats d’aujourd’hui, sur toutes ces questions post-coloniales ou de mémoire."