The Fabelmans

Brève proposée par Marc-Olivier Padis dans l'émission La Chine et la guerre en Ukraine / Les défis de l’agriculture française / N°287 / 5 mars 2023, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

The Fabelmans

Marc-Olivier Padis

"Je suis allé voir le film de Steven Spielberg, qui n’a peut-être pas besoin de publicité mais que j’ai beaucoup aimé. La démarche autobiographique est très intéressante, et elle me fait penser à celle de James Gray qui avait sorti « Armageddon time » à l’automne dernier. Deux grands cinéastes américains qui reviennent sur leur enfance pour expliquer comment leur vocation pour le cinéma est née. Interrogations personnelles, hommage à la naissance du cinéma, et récits familiaux dans lesquels la dépression maternelle prend une place importante. Deux films qu’il serait intéressant d’étudier en parallèle un jour, et qui se laissent voir avec beaucoup de plaisir. "


Les autres brèves de l'émission :

Géopolitique de l’Indo-Pacifique

Béatrice Giblin

"Nous avions consacré une émission thématique à l’Indo-Pacifique (n°205, en août 2021, accessible gratuitement sur notre site) avec Isabelle Saint-Mézard. C’est elle qui signe cet ouvrage extrêmment intéressant. Rappelons que depuis une dizaine d’années, le concept « d’Indo-Pacifique » a remplacé celui « d’Asie Pacifique ». C’est la montée en puissance de la Chine et de l’Inde qui a provoqué ce changement de vocable. Désormais l’Indo-Pacifique est la nouvelle représentation de ces rapports de force mondiaux. Indiens, Chinois, Américains, Européens (et notamment Français), tous participent aux enjeux de cette région. Le livre en donne une présentation claire et remarquablement bien faite."


Emmanuel Berl Le temps, les idées et les hommes

Philippe Meyer

"Je voudrais recommander le volume paru aux éditions Bouquins et consacré à Emmanuel Berl. Le regretté Bernard de Fallois, qui signe la préface, observe qu’un obstacle majeur s’est interposé entre Berl et la gloire : il « ne s'admire pas. Il sait parfaitement qu'il vit dans une époque où la célébrité s'attache à la personne plutôt qu'à l'œuvre, où la plus-value biographique, déjà importante au dix-neuvième siècle, est devenue prépondérante. Rien n'y fait : il ne sculptera pas sa statue. Faiblesse suprême, le succès des autres ne lui cause aucun déplaisir ». Après cette préface, il me semble qu’il faut lire la soixantaine de pages dans lesquelles Bernard Morlino, admirable architecte de cet ensemble de textes, brosse la biographie de Berl. Ensuite chacun voguera dans ce volume au gré de ses propres curiosités. Ici, des portraits de Camus, de Chamfort, de Voltaire, de Proust ou de Cocteau. Là, des réflexions sur la Justice, ailleurs une plongée perplexe autour de la politique du général de Gaulle. Histoire de l’art, biologie, psychanalyse, autant de sujets qui mettent en mouvement cette intelligence d’une exceptionnelle probité et cette plume d’une exceptionnelle clarté."


Senghor et les Arts

Lionel Zinsou

"Je propose à nos auditeurs d’aller au Musée Jacques Chirac voir cette exposition. Pour tous ceux qui s’intéressent au soft power français, Senghor est incontournable. Il avait l’habitude de dire que la politique commençait et finissait toujours par la Culture. Il l’a prouvé, non seulement en étant un grand poète et un grand écrivain, mais aussi en créant de grandes manufactures de tapisseries (projet qui n’était pas sans rappeler celui de Colbert) et en soutenant toutes les formes de créations artistiques contemporaines, ainsi que toutes les formes de recherche sur les arts et la culture africaine. Cela avait d’ailleurs été très contesté, puisqu’il avait déclaré que « l’émotion est à l’Afrique ce que la raison est à l’Europe » ; sa théorie de la négritude a elle aussi rencontré de fortes oppositions. A travers les textes et les œuvres présentés dans cette exposition, il y a quelque chose qui aide à comprendre pourquoi aujourd’hui dans le pouvoir français en Afrique, la Culture est un élément si central : restitutions des œuvres, Alliances françaises pleines et très nombreuses. Ces succès là sont bien plus grands que les succès économiques ou militaires. C’est un sentiment que Senghor a travaillé à rendre moins français et plus universel."


Cahiers de l’Herne : Jankélévitch

François Bujon de L’Estang

"Je salue la publication par les Cahiers de L’Herne d’un numéro consacré au philosophe Vladimir Jankélévitch. Il est très bien fait, comme toujours dans les Cahiers on y trouve des documents inédits, des portraits, des interviews, des critiques … Jankélévitch est l’un de nos grands philosophes, il a traversé tout le XXème siècle (il est né en 1903), enseigna à La Sorbonne pendant plus de 20 ans. Je me souviens avec émotion que du temps où j’y étudiais moi-même, je quittai certains cours pour aller écouter ceux de Jankélévitch deux étages plus haut. Il s’est essentiellement consacré à la morale et à la métaphysique, il a publié plusieurs ouvrages célèbres, dont le fameux « le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien » au titre si accrocheur. Il était à la poursuite de l’insaisissable, non seulement en philosophie mais aussi en musique, puisqu’il a consacré plusieurs ouvrages à cet art. Son livre sur Gabriel Fauré est par exemple tout à fait remarquable. Très grand penseur, formidable enseignant, moraliste qui n’était sûr de rien, Jankélévitch a beaucoup à nous offrir. "