La France dans le bouleversement du monde

Brève proposée par Béatrice Giblin dans l'émission Le retour de l’inflation / Biden en proie à ses radicaux / n°229 / 23 janvier 2022, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

La France dans le bouleversement du monde

Béatrice Giblin

"Je vous recommande pour ma part le livre de Michel Duclos. L’ouvrage est passionnant, d’abord parce que Michel Duclos est un ex-diplomate très expérimenté, il fut ambassadeur en Syrie, et parce qu’il a une connaissance très profonde de la politique étrangère française. Il raconte comment Emmanuel Macron a essayé de changer les choses, non sans une certaine fougue. Le diagnostic de Macron était lucide sur la montée de la Chine, le retrait des USA, etc. Il a essayé, même si les résultats n’ont pas été à la hauteur des ambitions. Cela a contribué à la perception d’une France arrogante, qui a toujours de grandes difficultés à faire le deuil de l’époque où elle était une grande nation, et qui s’accroche à son siège du conseil de sécurité de l’ONU. Duclos nous dit que la France compte en réalité plus qu’on ne le croit, et bien moins que ne le souhaite Paris. J’ai peur que la campagne électorale laisse peu de place à la politique étrangère, ce livre donne une bonne perspective."


Les autres brèves de l'émission :

Courrier d’auditeur

Philippe Meyer

"A la suite de ma brève de dimanche dernier sur Don’t look up dans laquelle j’ironisais sur le caractère caricatural de la représentation de la politique aux États-Unis, et notamment du personnage de la présidente incarnée par Meryl Streep, plusieurs de nos auditeurs habitants aux États-Unis m’ont écrit pour me dire que je m’étais mis le doigt dans l’œil « usque ad omoplatum », comme on dirait dans Astérix. La critique la plus développée est celle que je vais lire, elle émane d’Emmanuel Dupuy d’Angeac.       « Je me permets un commentaire sur votre brève à propos du film "Don't look up". Je vis aux Etats Unis depuis maintenant près de 25 ans et je constate avec horreur depuis les années Bush (probablement depuis Reagan) la descente aux enfers de la démocratie américaine. La suppression du droit de vote, une cour suprême fanatisée, un Pentagone omni puissant et inquisiteur, la criminalisation de journalistes tels que Julian Assange, la propagande des médias américains, la captation du pouvoir par une minorité blanche - le sénat américain, par le découpage électoral, représente en gros 30% des électeurs, la remise en cause du droit à l'avortement, la toute puissance des polices (locales) américaines (En moyenne les polices américaine tuent 1000 personnes par an), l'incarcération de masse (Bill Clinton à lui tout seul est responsable de la mise en prison d'en gros 1 million de Noirs - "3 strikes and you are out"), l'omni puissance des lobbies américains (Le sénateur Manchin et sa femme ont touché en 2020 plus d'un million de dollars d'un producteur de charbon de West Virginia), l'éradication des syndicats (voir Amazon), le système de sécurité sociale inexistant, le salaire minimum qui n'a pas changé depuis les années Reagan. Le capitalisme américain a tué la démocratie en Amérique. Les parti démocrate et républicain sont complètement corrompus par le capitalisme. Je suis affolé de constater que les Européens ne voient pas la gravité de ce qui est en train de se passer de ce côté de l'Atlantique. Il est urgent de fermer le NY Times et de suivre le peu de journalistes intègres qui restent dans ce pays. Matt Taibbi et Glenn Greenwald sont par exemple des voix importantes. Le livre de Jane Mayer "Dark Money" est également un ouvrage important. Pour en revenir au film, oui c'est une caricature, mais à peine poussée. Une partie des dialogues sont d'ailleurs des reprises de Trump, notamment lorsque le fils parle de sa mère comme d’une nana qu'il aurait bien mise dans son lit si ce n'était sa mère. Trump a dit exactement la même chose de sa fille. Les élections de mi-mandat vont être une catastrophe et le futur très sombre. »"


L’Etat qu’il nous faut

Marc-Olivier Padis

"Pour en revenir à la politique française, parmi les grands sujets qui seront peut-être débattus dans la campagne électorale si elle se développe un jour, il y aura nécessairement des réflexions sur la réforme de l’Etat. C’est un grand sujet, mais comme il est assez austère, le nombre de ses amateurs est plutôt restreint. C’est le cas de trois jeunes spécialistes des questions de politique publique, Daniel Agacinski, Romain Beaucher et Céline Danion, qui ont écrit ce livre. Leur ligne directrice consiste à se demander si la politique publique française est adaptée à des décisions, en particulier pour faire face au changement climatique. Il s’interrogent sur la façon de réorganiser l’action publique en ce sens. C’est une lecture exigeante et pas toujours facile, mais le sujet étant majeur, il mérite quelques efforts. "


Le monde de Steve McCurry

Nicole Gnesotto

"Je vous encourage très vivement à aller voir l’exposition de photos de Steve McCurry, présentée au Musée Maillol jusqu’en mai 2022. McCurry est mondialement connu pour sa photographie de cette jeune Afghane au regard si intense, qui constitue l’affiche de l’exposition. Il y a au musée Maillol une énorme rétrospective, comptant plus de 150 photos grand format aux couleurs crues, la marque de fabrique de McCurry. Elles sont absolument sublimes, à la fois belles et tragiques. Ce ne sont pas que des paysages de guerre, il y a des photos de New York, de l’Inde, etc. Mais la priorité est donnée aux visages et aux regards. Ces gens ne sourient ni ne pleurent, la densité de ce que les clichés expriment est extraordinaire. On en ressort avec une émotion qui est aussi politique qu’esthétique."


Francis Picabia, rastaquouère

Matthias Fekl

"Restons dans le domaine de l’art, je vous conseille la biographie de Francis Picabia par Bernard Marcadé. Le titre est un clin d’œil à Serge Gainsbourg. Le livre est publié chez Flammarion, dans les grandes biographies, et il y a toute sa place. D’abord parce que la vie de Picabia est haute en couleurs, le récit qui en rend compte est passionnant et foisonnant. C’est un éloge de la liberté, dans la vie comme en art, notamment en ce qui concerne l’affranchissement par rapport à l’académisme et au dogme. Dans une époque aussi souvent dogmatique (voire sectaire) que la nôtre, la vie de Picabia est une bouffée salutaire. "