Don’t look up

Brève proposée par Philippe Meyer dans l'émission Le retour de l’empire russe ? / Le retour du nucléaire / n°228 / 16 janvier 2022, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Don’t look up

Philippe Meyer

"Il y a un engouement général à propos de ce film diffusé sur Netflix, à propos d’une catastrophe imminente. J’en suis très étonné, car il ne s’agit pas d’une caricature mais d’une farce. Autant la caricature à propos de l’infotainment me paraît réussie, autant la manière dont est représentée le pouvoir politique ne l’est pas : c’est du « tous pourris », tous sont ridicules. J’ai l’impression qu’en faisant l’éloge de ce film, on confond Pierre Desproges et Patrick Sébastien. "


Les autres brèves de l'émission :

L’Europe changer ou périr

Philippe Meyer

"Je voudrais signaler la parution, aux éditions Tallandier d’un livre de Nicole Gnesotto, L’Europe, Changer ou périr. Elle rappelle qu’à sa fondation, l’Europe misait sur l’OTAN pour la défendre et sur le libéralisme, le marché et la concurrence pour assurer à la fois son progrès et sa prospérité. Nicole Gnesotto soutient qu’aujourd’hui il faut sortir de la dépendance à l’OTAN - et en convaincre nos partenaires est une tâche ardue - et que cette sortie ne se fera pas par la construction d’une défense européenne dont les bégaiements successifs montrent qu’elle est une chimère, mais par l’instauration d’une diplomatie européenne. Elle rappelle utilement que des interventions extérieures occidentales depuis la fin de la guerre froide, à part celle de 1991 pour le Koweit, se sont soldées par des catastrophe. Elle remarque que la force militaire n’est plus la condition de la puissance de l’Europe et qu’il est nécessaire qu’elle s’investisse dans les solutions diplomatiques et qu’elle cesse de laisser la pensée des crises aux Américains. Quant à l’économie, Nicole Gnesotto affirme que, bien plus qu’assurer le libre jeu du marché et de la concurrence, le rôle de l’Europe, si elle ne veut pas périr, est d’aider à limiter l’explosion des inégalités, provoquée par la mondialisation."


Un héros

Béatrice Giblin

"Je vous recommande ce film Franco-iranien dont je crains qu’il ne disparaisse très bientôt des écrans, réalisé par Asgard Farhadi, qui avait déjà signé le très réussi Une séparation. Celui-ci est remarquable par la complexité de tous les personnages d’abord, personne n’est bon ou méchant, le « héros » en question n’est pas aussi moralement bon qu’il est physiquement beau, l’usurier n’est pas que vénal, etc. Et puis on voit comment fonctionne une famille iranienne. C’est un film d’une très grande humanité, qui aide à comprendre la complexité de la société iranienne à laquelle je suis très attachée."


L’Europe changer ou périr

Michaela Wiegel

"Nous ne nous étions pas concertés, mais il se trouve que je voulais moi aussi recommander le livre de notre amie Nicole Gnesotto. J’ai été très frappée dans la préface de Jacques Delors, par une phrase : « il s’en est fallu de peu que le Covid-19 ne porte un coup fatal à l’Union Européenne » et le livre part en quelque sorte de ce constat. Nicole analyse de façon très lucide les difficultés qu’il y a à adapter cette construction qui datait d’un monde réellement révolu. Elle montre le chemin que pourrait prendre une diplomatie européenne, intégrant cette Allemagne souvent bien trop pacifiste, mais qui tempère en quelque sorte une France trop prompte aux interventions militaires. J’espère que ce livre sera vite traduit en allemand."


Algérie 1962 une histoire populaire

Akram Belkaïd

"Je vous recommande cet ouvrage de Malika Rahal qui vient de paraître aux éditions La Découverte. Vous savez que nous commémorons le 60ème anniversaire de l’indépendance cette année, ce sera donc un élément de l’actualité des prochaines semaines, y compris en France. L’historienne propose « une histoire populaire », et nous montre ce qu’a été cette année 1962 en Algérie. Le livre est en deux parties : tout ce qui précède l’indépendance, l’OAS, les recompositions et les défaites de tous ceux qui n’étaient pas au sein du FLN ; et puis, après 1962, le temps de la vengeance (un chapitre évoque le massacre de Pieds-noirs à Oran), les violences pour ceux qui ont servi la France, mais aussi un aspect passionnant : comment on bâtit un jeune Etat, à partir de ce qu’a laissé la France, et après un exode massif. Tout cela est raconté avec force témoignages."



Proust et la société

Nicolas Baverez

"En contrepoint de l‘exposition, le dernier livre de Jean-Yves Tadié, le grand spécialiste de l’auteur. Le sujet est similaire à celui de l‘exposition : la société dans laquelle Proust a vécu, une société aristocratique qui vit ses derniers feux face à la montée de la société démocratique d’une IIIème République à son apogée. Et de l’autre côté, la société proustienne de la Recherche, cette extraordinaire galaxie de personnage, nouvelle comédie humaine."