LES INTERVENANTS

Akram Belkaïd

Akram Belkaïd est un journaliste et essayiste algérien. Il est journaliste au Monde diplomatique. Il collabore aussi avec le site Orient XXI, les publications Afrique magazine et Afrique Méditerranée Business (AMB). Il est aussi chroniqueur au Quotidien d'Oran où il publie deux chroniques par semaine. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le Maghreb et l'Algérie ainsi que d'un recueil de nouvelles se déroulant dans le monde arabe à la veille de l'invasion de l'Irak, en mars 2003.

 

Les brèves proposées par Akram Belkaïd:

L’appel du cacatoès noir

"En ce qui me concerne, c’est un roman que je vous recommande, écrit par John Danalis. Il est basé sur une expérience réelle. En Australie, un homme blanc a dans sa maison un crâne aborigène. Arrivé à la quarantaine, ayant plus ou moins raté sa vie, il se met en tête, à la suite d’un concours de circonstances, de restituer le crâne à la tribu dont il est issu. Il s’agit donc d’une quête, et de la confrontation entre l’Australien moyen et cette « première nation » à laquelle il ne connaît rien."


Fado dans les veines

"Je vous recommande un spectacle de Nadège Prugnard, qui est à la fois une pièce de théâtre et un spectacle musical, qui se joue au théâtre de l’Echangeur à Bagnolet. Il s’agit de l’itinéraire d’une fille d’immigrés portugais, sa destinée et celle de ses parents. Le spectacle rappelle des choses dont on ne parle plus en France, par exemple que l’immigration portugaise a longtemps été clandestine, avec son lot de misères, de passeurs … C’était à l’époque où le Portugal était sous la dictature de Salazar, et de nombreux immigrés portugais atterrissaient dans des bidonvilles français et y sont restés longtemps. L’auteure-metteuse en scène raconte sa volonté de sortir des « trois f » (Fado, Fátima et Football). Le récit est puissant, la musique est bonne et il y a deux chanteuses de fado sur scène."


Rester barbare

"Je vous recommande cet essai de Louisa Yousfi, publié à La Fabrique. Le titre est inspiré par cette phrase de Kateb Yacine : « Je sens que j’ai tellement de choses à dire qu’il vaut mieux que je ne sois pas trop cultivé. Il faut que je garde une espèce de barbarie. Il faut que je reste barbare. » Le barbare n’est pas le sauvage. Le terme interpelle sur la question de l’identité, de la manière dont ceux qu’on appelle aujourd’hui « les racisés » ont à trouver ou pas leur place dans nos sociétés occidentales. L’auteur convoque pour cela des gens comme Kateb Yacine, mais aussi Chester Himes, Toni Morrison ou le rappeur Booba. C’est un essai qu’il faut lire, surtout dans ce contexte où les interrogations sur les questions d’intégration (voire d’assimilation) se multiplient. "


La maladie blanche

"Je vous conseille d’aller voir une pièce théâtre cette semaine. C’est l’histoire d’une maladie venue de Chine qui se répand, tue plus particulièrement les personnes âgées, pour laquelle on rêve de trouver un vaccin-jackpot. Pendant ce temps, les rumeurs et les fake news circulent, les Etats se font un peu la guerre, les comportements égoïstes reviennent … Cela vous rappelle sans doute quelque chose, et pourtant cette pièce de Karel Capek date de 1937. La pièce se joue au théâtre La Belle Étoile, à Saint-Denis, j’invite nos auditeurs parisiens à faire ce pas pour voir ce que la compagnie Jolie Môme a fait de cette œuvre étonnante et si prophétique."


Le sumac, dix façons de le préparer

"Je vous propose un ouvrage culinaire pour apporter un peu de légèreté à nos conversations de cette semaine. Il est signé de Claire Bastier, une journaliste qui connaît très bien le Proche-Orient. Elle a écrit un petit livre sur le sumac et les façons de le préparer. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le sumac une épice astringente, très présente dans les plats du Proche-Orient. Il y a bien entendu le côté festif et convivial d’un livre de recettes, mais comme toujours, la cuisine raconte une région et une société. Un peu d’évasion dans cette période estivale, tout en prenant connaissance d’une approche culinaire encore peu répandue en France. "


Notre revanche sera le rire de nos enfants

"Le titre de ce livre est une citation de Bobby Sands, qui fut un militant de l’IRA irlandaise, mort d’une grève de la faim à l’époque de Margaret Thatcher. L’ouvrage regroupe les reportages de Sorj Chalandon, qui était reporter à Libération, et avait couvert le conflit irlandais. Les articles vont de 1977 à 2006, et rappellent ce que fut cette guerre au cœur de l’Europe. A lire ou relire tout cela, on se dit à la fois qu’il s’agit d’un monde qui n’existe plus, mais dont certains aspects gardent pourtant un écho particulier avec ce que nous vivons aujourd’hui."